Plantes et Huiles Essentielles de la douleur physique et psychique

5 juillet 2021

Plantes et Huiles Essentielles de la douleur physique et psychique

Pierre May

DMV Institut de Médecine Manuelle Vétérinaire (IMEV), Académie Vétérinaire d’Acupuncture et d’Ostéopathie (AVETAO), DIU de phytothérapie de Clermont Ferrant et de Lyon, Ecole Française d’Aromathérapie, Ecole de Médecine Traditionnelle Chinoise de Hasselt

Introduction :
De nombreuses substances végétales ont des effets antalgiques et/ ou anti-inflammatoires. La plupart des molécules antalgiques actuellement à notre disposition sont directement issues du monde végétal (opioïdes, morphiniques, CBD) ou sont largement inspirées des constituants que les plantes ont élaborés pour se prémunir et se défendre contre les agresseurs qu’elles rencontrent dans leur propre existence. Car, c’est maintenant clairement démontré, les plantes souffrent, ressentent le stress physique, thermique, hydrique et mettent en place face à ces attaques des réactions biochimiques très rapides et efficaces : en effet elles ne peuvent ni fuir ni combattre, donc elles ont inventé d’autres stratégies souvent fort ingénieuses. 

1. Les plantes et HE anti inflammatoires classiques :

Cassis (feuille et surtout bourgeon) et Réglisse (racine) : des « cortisone like » par augmentation de la sensibilité des récepteurs au cortisol (cassis plutôt pour les tissus durs, os et articulations, réglisse plutôt pour les tissus mous, viscères et fascias) et en cas d’hyperalgie.
Reine des prés et Saule : les deux « plantes aspirine » car bourrées d’acide salicylique sans les contre-indications et effets secondaires de l’acide acétyl salicylique bien connu.

Scrofulaire et Harpagophytum : les plantes AINS car très anti Cox 2 grâce à leur richesse en Iridoïdes : harpagosides, harpagide, aucuboside, rhamnosides. Idem, sans les contre-indications des AINS au niveau gastrique, rénal et intestinal.
Curcuma : la panacée contre l’inflammation, grâce entre autres à sa richesse en curcuminoïdes, avec en plus une activité immuno modulante et anti-cancéreuse. La cible étant tout le tube digestif et tout l’appareil ostéo articulaire : le seul bémol est sa faible bio disponibilité donc il ne faut pas hésiter à forcer la dose… aucune contre-indication.
Boswellia : parfois dénommée Oliban, qui est en fait l’arbre dont est extrait la résine qui, distillée va donner l’encens, et utilisée telle quelle. Très grande substance végétale anti inflammatoire, anti rhumatismale et anti tumorale de la médecine Ayurvédique.
HE de Gaulthérie (99% d’acide salicylique) jamais par voie buccale
HE d’Eucalyptus Citronné : très antalgique en local également
HE de giroflier : antalgique et anti inflammatoire puissant de la cavité buccale mais très mal toléré par nos chiens et toxique sur nos chats.

2. Les plantes et HE antispasmodiques :

 

Mélisse : surnommée le « spasfon des plantes » avec une action très intéressante de type analgésique vrai et sédative en plus d’une amélioration très nette de la cognition chez les séniors anxieux.
Passiflore et Aubépine peuvent compléter l’action de la Mélisse en étant plus sédatives
Valériane : grande plante anxiolytique et anti épileptique majeure qui calme très efficacement les contractures musculaires liées à une pathologie discale par exemple.
Gingembre : grand anti spasmodique de l’estomac très actif en cas de nausées ou de gastrite.
HE d’estragon et de basilic tropical : les deux peuvent être associées au précédente pour leur action sédative et anti spasmodique.

3.Les plantes et HE à action vasculaire :

Ginkgo : très anti oxydant, vasculo-protecteur et « le grand circulateur » : c’est avec le curcuma un incontournable de la douleur liée à des troubles de la micro-circulation
Grande Camomille : la plante de la migraine chez l’homme, très intéressante sur les spasmes vasculaires neurologiques (encéphale et médullaire) en association avec le précédent et le bourgeon d’Aulne Glutineux
Arnica, bien sûr utilisé par toutes les familles contre les bleus et autres coups de la vie, aussi bien en dilution homéopathique par voie buccale qu’en teinture mère en compresses locales.
HE de Cyprès et de Lentisque pistachier : très décongestionnantes en massage local sur la zone douloureuse
L’incontournable (et un peu chère…) HE d’Hélichryse Italienne, l’HE des hématomes et traumatismes, « !’Arnica de l’Aromathérapie », active sur les « bleus de l’âme et du corps »

4.Les plantes et HE antalgiques :

Millepertuis : connu pour ses propriétés anxiolytiques et même anti dépresseur, c’est un antalgique vrai avec effet anti nociceptif surtout dans les névralgies.
HE de Menthe Poivrée : refroidissante et même anesthésique locale, mais contenant des cétones, donc d’un usage délicat chez le chien et interdite chez le chat (en mélange avec d’autres HE et une Huile Végétale) toujours en local ; dommage car c’est un vrai analgésique.

Cocktail d’HE analgésique, formule homme et chien (pas chat) : HE de menthe poivrée, eucalyptus citronné, giroflier, genévrier, laurier noble, lavande aspic, gaulthérie, katafray, diluées à 50% dans de l’huile rouge de Millepertuis (25%) et de l’huile végétale d’Arnica (25%)
Huile essentielle de Lavande officinale, Ylang Ylang, petit grain bigarade, marjolaine, essence d’orange douce, de bergamote, en mélange dans un appareil à diffusion atmosphérique sont très efficace pour apaiser la douleur et donner de la sérénité aux occupants de la pièce, animaux et humains y compris.

5.Les Plantes adaptogènes :

Celles qui permettent d’éviter le « burn out », c’est-à-dire l’effondrement du cortisol et donc la non-adaptation au « harcèlement de la douleur ».
C’est l’animal qui « craque », qui ne comprends plus, qui n’est plus résilient et qui présente des troubles graves de l’humeur et du comportement.
Il existe de nombreuses plantes qui ont cette action d’adaptation mais les plus utilisées en médecine vétérinaires sont :
Ginseng : la plante des performances physiques, mentales, cognitives, immunitaires et sexuelles… c’est une valeur sure dans cette indication seul bémols : classée comme dopante (donc arrêter systématiquement 3 jours avant une épreuve) et contre-indiquée en cas de cancer hormonodépendant.
Rhodiola : c’est la plante des sportifs russes depuis des décennies (amélioration des performances) mais aussi des cosmonautes pour les aider à vivre pendant 6 mois dans une « boite de conserve » à 400 km de la terre ! on la prescrit systématiquement quand la dépression arrive.
Ashwagandha : autre plante Ayurvédique récemment apparue sur le marché occidental et extrêmement fiable pour relancer les surrénales et éviter l’effondrement du cortisol après une longue période de douleur et de stress.
Eleuthérocoque, ou ginseng de Sibérie, largement utilisé aussi dans le pays de l’Est , a des propriétés similaires au ginseng qu’il a largement remplacé quand la ressource en Ginseng Chinois s’est épuisé à cause de la surexploitation. Mais ce sont deux plantes totalement différentes d’un point de vue botanique.
Bacopa : grande plante Ayurvédique, très adaptogène au niveau psychisme surtout , anti dépressive et anxiolytique, avec une amélioration très fiable des capacités cognitives en cas de stress prolongé ou même de démence sénile.

Toutes ces plantes adaptogènes ont, pour la majorité d’entre elles, des actions immuno régulatrices, anti inflammatoires, anti cancéreuses, défatigantes et anti-dépressives. On comprend très bien qu’elles soient devenues en quelques années incontournables dans la lutte contre la douleur chronique.
La formule type est : Ashwaganda rhodiola ginseng

6. Les plantes activant les HSP (pour Heat Shock Protéines) :

les HSP sont des protéines chaperonnes qui en cas de choc physique grave, mais aussi psychique et émotionnel, permettent à la cellule d’encaisser la modification brutale des constantes biochimiques dues à cette agression. Ce sont des plantes qui ont elles même mis en place des mécanismes de survie en cas de changement brutal ou répétitif de leur environnement. Actuellement il en existe deux qui ont donné naissance à des compléments alimentaires (mais il y en a probablement des dizaines d’autres qui n’ont pas encore été étudiées et exploitées médicalement) :

Prophyra umbilicalis (protéochoc© labo Pilèje) : une algue qui subit la marée sans broncher : 12h sous l’eau à 4° et 12h en plein soleil à plus de 30° en été. Ce complément est capable de nous faire endurer une douleur aigue due à un choc physique (intervention chirurgicale, choc thermique, choc de déshydratation, trauma important…) en préventif comme en curatif/
Opuntia Ficus Indica(préservation© labo Texinfine) : un figuier de barbarie du désert du Mexique qui a exactement la même teneur en eau et en sucres à minuit par – 10° C qu’à midi par +70°C . Ce fruit a la capacité d’accélérer la sécrétion des HSP en passant de plus de 2h de temps d’adaptation au choc à seulement 10 mn … c’est un accélérateur d’adaptation exceptionnel !
Dans notre clinique, pas une chir traumatisante, pas un choc septique ou anaphylactique, pas un coup de chaleur ou une déshydratation brutale, pas un accouchement difficile, pas un animal de la faune sauvage récupéré, pas un NAC hospitalisé, pas une compétition sportive, sans Préservation avant, pendant et après l’hospitalisation.

Conclusion :
Cette liste de plantes et d’huiles essentielles n’est évidemment pas exhaustive, nous avons à peine évoqué les bourgeons qui ont une activité très puissante et à doses très petites, donc sont très économiques.
Nous n’avons pas parlé non plus des fleurs de Bach, car comme pour toute l’homéopathie, il n’y a a pas de recettes générales mais que des prescriptions individuelles, chaque animal exprimant sa douleur de façon différente et personnelle. Même si Rescue, le remède d’urgences aux 5 élixirs floraux est très pertinent en cas de choc physique ou psychique.
Nous n’avons parlé que de ce que nous utilisons tous les jours dans notre clinique ; il y a encore bien d’autres principes actifs végétaux à activité antalgique, et bien plus à découvrir encore.

La phytothérapie a cette particularité, c’est qu’elle est basée sur des connaissances empiriques venues d’usages traditionnels multi millénaires et en même temps sur des études très sérieuses et très complètes faites tout récemment pour satisfaire aux exigences de la fameuse EBM (Evidence Based Medecine). Mais EBM peut aussi vouloir dire Empiric Based Medecine…
Comme on peut le constater à travers ces quelques lignes, cette discipline un peu malmenée depuis quelques années, nous fournit en fait une multitude de solutions originales et efficaces. La difficulté est même le plus souvent le choix de la thérapeutique à utiliser, tellement l’offre est importante. Nous aborderons ultérieurement les techniques de choix de la plante ou du mélange de substances végétales en réponse au problème pathologique posé.

Le plus CAPdouleur : wiki phytothérapie

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