Douleur et CBD, un espoir pour les chevaux souffrant d’arthrose ?
Article : Miagkoff L, Girard CA, St-Jean G, Richard H, Beauchamp G, Laverty S. Cannabinoid receptors are expressed in equine synovium and upregulated with synovitis. Equine Vet J. 2022 Jul 14. doi: 10.1111/evj.13860. Epub ahead of print. PMID: 35836386.
Contexte de l’étude : L’arthrose ou ostéoarthrite (OA) est une cause majeure de boiterie chez les chevaux. Les récepteurs cannabinoïdes (CB) sont maintenant considérés comme des cibles thérapeutiques prometteuses en rhumatologie humaine pour la douleur et l’inflammation, cependant, on sait peu de choses sur le système endocannabinoïde équin
Objectifs : L’objectif principal était d’évaluer la présence et le modèle d’expression des récepteurs CB1 et CB2 dans la membrane synoviale d’articulations saines. L’objectif secondaire était d’explorer la relation entre l’expression de ces récepteurs CB, le degré de synovite et la physiopathologie de l’arthrose.
Type d’étude : Il s’agissait d’une étude expérimentale ex-vivo.
Rappels sur l’anatomie et la fonction de la membrane synoviale pour comprendre l’article : La membrane synoviale est une structure spécialisée qui tapisse la face interne des articulations, des gaines des tendons et des bourses. Elle est formée d’une couche intimale superficielle ou bordante, composée d’une à quatre assises de synoviocytes fibroblastiques et macrophagiques, et d’une couche profonde. Elle est vascularisée et innervée. Elle élabore la synovie, le liquide articulaire qui permet la lubrification et la nutrition du cartilage avasculaire, régule la pression et la température locale. Elle a aussi un rôle dans la défense et la réponse immunitaire intra-articulaire. Les synoviocytes macrophagiques phagocytent et éliminent les débris et les particules intra-articulaires. La membrane synoviale assure, à l’état normal, des mouvements indolores pour les articulations.
Matériel et Méthodes de l’étude : Des articulations métacarpophalangiennes (n = 25) provenant d’une banque de tissus ont été étudiées. Les articulations ont été disséquées, et les lésions du cartilage articulaire ont été notées. Des échantillons de membrane synoviale (n = 45) ont été prélevés, fixés et le degré de synovite a été évalué sur des coupes histologiques.
Les sections synoviales ont été immunocolorées avec des anticorps dirigées contre les récepteurs canabinoïdes CB1 et CB2. Cinq régions d’intérêt ont été sélectionnées au hasard à partir d’images numériques de synoviocytes segmentés manuellement et évaluées en aveugle par deux observateurs indépendants pour quantifier la coloration immunoréactive cellulaire positive. La concordance inter-observateurs a été calculée à l’aide d’un coefficient de corrélation intra-classe (ICC).
Les relations entre les scores d’immunoréactivité pour CB1 et CB2 et la synovite ou le grade de l’arthrose ont été explorées avec des modèles linéaires mixtes.
Résultats de l’étude : le récepteur CB1 était exprimé dans les synoviocytes de tous les spécimens étudiés alors que l’expression des récepteurs CB2 a été identifiée dans 94% des échantillons. Les deux récepteurs étaient également exprimés dans les parois des vaisseaux sanguins de la couche sous-intimale
L’ICC étaient de 84,6 % (CB1) et 92,9 % (CB2) pour les scores d’immunoréactivité. L’expression de CB1 et CB2 était significativement augmentée (p = 0,04 et p = 0,03, respectivement) avec l’augmentation du degré de synovite. Inversement, l’expression de CB1 diminuait significativement (p = 0,03) avec l’augmentation de la sévérité de l’arthrose.
Principales limites de l’étude : Le type de cellule synoviale exprimant CB1 ou CB2 n’a pas été étudié.
Conclusion de l’étude : Les cellules synoviales intimales équines expriment de manière constitutive les récepteurs cannabinoïdes CB1 et CB2, dont l’expression est régulée à la hausse avec la synovite et peuvent jouer un rôle dans la douleur articulaire. Elles sont des cibles potentielles pour une thérapie avec des molécules cannabinoïdes ou leurs dérivés.