Évaluation de l’innocuité et de la pharmacocinétique de l’administration répétée de cannabidiol
Évaluation de l'innocuité et de la pharmacocinétique de l’administration répétée de cannabidiol, pendant 28 jours, par voie orale, chez des chiens en bonne santé. Étude randomisée et contrôlée par placebo.
Randomized, placebo-controlled, 28-day safety and pharmacokinetics evaluation of repeated oral cannabidiol administration in healthy dogs, Dana M. Vaughn, Lina J. Paulionis, Justyna E. Kulpa, The Human and Animal Research Programm, Canopy Animal Health, American Journal of Veterinary Research, Vol. 82, No. 5, mai 2021, accepted: 24 novembre 2020, traduction et interprétation Amandine Bouvier
Introduction
Depuis plusieurs mois, le cannabidiol (CBD) est disponible à la vente dans les cliniques vétérinaires. Bien que son nom soit connu, son utilisation, dans un contexte thérapeutique, reste un nouveau moyen de traitement pour les vétérinaires français, ce qui représente une situation qui n’est pas toujours évidente. La détermination de ses indications cliniques les plus appropriées (hors allégations thérapeutiques), de la dose nécessaire et de la dose limite, ainsi que la connaissance des risques d’apparition des effets secondaires, en fonction de la dose, sont notamment des points qu’il reste à affiner. Une étude récente a tenté d’évaluer l’innocuité du CBD et d’analyser sa pharmacocinétique après 28 jours d’administration orale chez des chiens.
Résumé
Objectif : Déterminer l’innocuité et la pharmacocinétique de différentes doses de cannabidiol d’origine végétale (CBD), par rapport au placebo, après une administration orale répétée.
Animaux : 20 chiens adultes, de race Beagle, en bonne santé
Matériel et Méthode :
Lors d’un essai randomisé, à l’aveugle, contrôlé par placebo, les chiens ont été répartis dans 5 groupes équilibrés en poids corporel et en sexe (n = 4 chiens/groupe). Ils ont reçu, per os, une fois par jour, pendant 28 jours, soit du CBD (1, 2, 4, ou 12 mg/kg, à partir d’extrait de cannabis), soit une formulation d’huile placebo. Les variables des résultats ont été évaluées au moyen d’observations quotidiennes de la santé, d’examens vétérinaires, de numérations sanguines complètes et d’analyses biochimiques sériques. Des échantillons de sang ont été prélevés à différents moments pour estimer les profils pharmacocinétiques, 24 heures après administration, du CBD et de certains métabolites (7-carboxy-CBD et 7-hydroxy-CBD).
Résultats :
L’administration répétée de CBD a été bien tolérée par les chiens, sans changements cliniquement importants dans les résultats mesurés d’innocuité. Les examens vétérinaires n’ont révélé aucune anomalie cliniquement importante. La gravité des événements indésirables était légère. Par rapport à l’administration du placebo, l’administration de CBD, à 12 mg/kg/jour, a entraîné un plus grand nombre d’effets indésirables gastro-intestinaux (principalement l’hypersalivation) et une augmentation significative de l’activité de la phosphatase alcaline sérique. L’exposition systémique totale au CBD a eu une augmentation, à dose dépendante, après une administration aiguë (première dose), ainsi qu’après une administration chronique (28 jours). Dans chaque groupe de CBD à doses différentes, l’administration répétée a augmenté l’exposition systémique totale au CBD de 1,6 à 3,3 fois. Les concentrations plasmatiques de CBD sur 24 heures étaient également dépendantes de la dose, l’état d’équilibre étant atteint après 2 semaines d’administration.
Conclusion et pertinence clinique : L’administration orale quotidienne, répétée, de la formulation de CBD a entraîné une augmentation proportionnelle à la dose d’exposition systémique totale au CBD et des concentrations plasmatiques, à 24 heures, chez les chiens en bonne santé. Ces résultats pourraient aider à orienter le choix de la dose. (Am J Vet Res 2021;82:405–416).
A retenir
L’innocuité du CBD, après administration répétée pendant 28 jours, à des doses allant jusqu’à 12 mg/kg/jour, a été démontrée cliniquement. Cependant le choix d’une dose de 12 mg/kg/jour peut, très fortement, induire des effets indésirables gastro-intestinaux, notamment de l’hypersalivation et une atteinte hépatique avec une augmentation significative de l’activité de la phosphatase alcaline sérique. D’autre part, plus la dose administrée est importante, plus l’exposition systémique totale au CBD augmente (jusqu’à 3,3 fois dans cette étude). Au niveau des concentrations plasmatiques, celles-ci augmentent également proportionnellement à la dose administrée. L’état d’équilibre est atteint après 2 semaines d’administration. Il est donc important de quantifier la dose administrée par voie orale et de rechercher la dose minimale efficace.
Accès à l’article complet original (anglais) : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33904801/