Evaluation et particularités de la douleur chez l’âne
Développement d’une échelle de la douleur spécifique aux ânes, basée sur l’expression faciale, permettant de reconnaître la douleur post-castration chez les ânes (Equus asinus)
Référence de l’article : Orth EK, Navas González FJ, Iglesias Pastrana C, Berger JM, Jeune SSL, Davis EW, McLean AK. Development of a Donkey Grimace Scale to Recognize Pain in Donkeys (Equus asinus) Post Castration. Animals (Basel). 2020 Aug 13;10(8):1411. doi: 10.3390/ani10081411. PMID: 32823676; PMCID: PMC7459673.
Résumé de l’article :
A l’origine, Les ânes ont évolué en milieu désertique, et contrairement aux chevaux, qui réagissent au danger par la fuite, les ânes, eux, se battent pour l’éviter. De ce fait, les ânes sont généralement plus stoïques et expriment de manière plus subtile que les chevaux des signes de peur, de douleur et d’inconfort. De cette façon, même blessés, ils paraissent « normaux » aux yeux des prédateurs, ce qui diminue leur risque d’être la cible d’une attaque.
Cela peut constituer un challenge au quotidien dans l’évaluation de la douleur chez les ânes, tant pour les propriétaires que pour les vétérinaires, car bien souvent les manifestations d’inconfort sont détectées très tardivement, lorsque la maladie est déjà bien avancée.
L’objet de l’étude menée par l’équipe d’Emma ORTH, était d’identifier des signes douloureux exprimées par des modifications de l’expression faciale, et des paramètres corporels, suite à une intervention chirurgicale. Les scores ont été établis en se basant notamment sur l’observation des yeux, du museau, des naseaux et du bout du nez.
Ils ont ensuite démontré que le développement de ce système de score douloureux basé sur l’observation des « grimaces » faciales était fiable et sensible dans la détection de la douleur chez l’âne. Ils ont néanmoins noté que la fiabilité de cette échelle pouvait malgré tout être influencé par le genre de l’observateur, ses connaissances en matière d’ânes, et son expérience.
Matériel et méthode :
Neuf ânes adultes mâles en bonne santé ont été castrés chirurgicalement. 54 photos ont été sélectionnées à partir de vues frontales, latérales et corporelles prises avant et après la castration. Les observateurs, dont le niveau de connaissances allait de « minimes » à « approfondies » avec un niveau d’expérience basé sur la formation et les heures/mois passés avec des ânes ont noté six photos par ânes sur une échelle de 0 à 2 (0 = critère absent, 1 = modérément présent, 2 = manifestement présent).
Les notes étaient basées sur le langage corporel et les paramètres faciaux : Oreilles baissées, oreilles plaquées en arrière, blanc des yeux visible, regard vitreux, contraction des orbites, yeux ronds, tension des narines, yeux plissés, tension du museau, posture anormale et perception globale de la douleur de l’animal.
Résultats :
Le niveau d’expérience et de connaissance, ainsi que le sexe de l’observateur, ont affecté de manière significative (p < 0,001) la capacité des observateurs à noter avec précision la douleur de l’animal.
L’étude suggère que les indicateurs les plus significatifs de la de la douleur chez les ânes sont associés à la présence d’une apparence générale et d’une posture corporelle anormale, avec une sensibilité, spécificité et précision respective de 63,18 %, 62,07 % et 62,60 %.
Dossier complet sur CAPdouleur Equin