Sondage nasogastrique chez le lapin

1 septembre 2023

La plupart des maladies affectant le lapin conduisent à une anorexie et un arrêt de transit s’auto-entretenant. Il s’avère donc nécessaire, en plus de traiter la cause initiale, de veiller à la reprise du transit en assurant analgésie, réhydratation et réalimentation. Généralement, nourrir les lapins à la seringue pendant quelques jours se révèle suffisant. Il arrive cependant qu’un temps de réalimentation assistée plus long s’avère nécessaire ou bien qu’une douleur buccale (malocclusion dentaire, fracture mandibulaire…) ou une gêne mécanique (dysphagie, paralysie faciale…) compromette la réalimentation par voie orale (1). Dans ce cas, la pose d’une sonde nasogastrique peut s’avérer une alternative intéressante pour subvenir aux besoins alimentaires du lapin et également lui administrer des médicaments par voie orale, ce qui s’avère nettement moins stressant pour le lapin par rapport à la voie intramusculaire ou sous-cutanée.

De plus, un lapin présentant un iléus a souvent un estomac dilaté par du gaz produit par la fermentation de nourriture stagnant dans ce dernier. Le lapin ne pouvant ni vomir ni éructer, ce gaz peut grandement distendre l’estomac entrainant une douleur sévère. La sonde nasogastrique sert alors à retirer le gaz présent dans l’estomac ce qui engendre une analgésie immédiate. 

Le sondage nasogastrique est généralement bien toléré chez le lapin mais peut cependant parfois conduire à l’apparition d’une rhinite transitoire 2-3 jours après le placement de la sonde.

La technique de pose d’une sonde nasogastrique chez le lapin est semblable à celle employée chez le chien ou le chat. Il faut cependant être particulièrement attentif à la localisation de la sonde qui peut facilement passer dans la trachée.

Photo 1 : Matériel : pour poser une sonde nasogastrique, il est nécessaire de se munir d’une sonde de calibre adapté (généralement 2 mm de diamètre), d’une serviette de contention, d’un spray et/ou d’un gel analgésique (ex : Xylocaïne ND, Tronothane ND), d’un fil de suture, d’un morceau de ruban adhésif permettant de placer un repère sur la sonde et participant à sa fixation ainsi que d’un fil de suture et d’un clamp pour fixer la sonde. Le fils de suture peut éventuellement être remplacé par des agrafes.

Photo 2 : Mesure de la longueur de sonde nécessaire : avant tout, il convient de mesurer la longueur de sonde nécessaire pour que celle-ci parvienne jusqu’à l’estomac sans toutefois être trop enfoncée et de placer un repère sur la sonde. La longueur nécessaire correspondant à la distance séparant l’extrémité du nez de la dernière côte. Un morceau de ruban adhésif peut être placé sur la sonde comme repère. De petites ailes peuvent être laissées de part et d’autre pour fixer la sonde par la suite.

Photo 3 : Analgésie et contention : pour éviter les mouvements brusques lors de la pose de la sonde, il est conseillé d’enrouler le lapin dans une serviette ne laissant que la tête de libre. Pour son confort, un anesthésique local peut être appliqué au niveau de la narine (ex : spray de Xylocaïne ND) quelques minutes avant la pose de la sonde. Il est également conseillé de lubrifier préalablement celle-ci, par exemple avec un gel anesthésique (ex : pramocaïne, Tronothane ND).

Photo 4 : Pose de la sonde : d’une main, le praticien maintient la tête du lapin en l’air et de l’autre, il insère la sonde dans la narine anesthésiée en orientant celle-ci ventralement et médialement. Une fois la sonde enfoncée de quelques centimètres, il est préférable de fléchir légèrement la tête du lapin pour éviter que la sonde ne soit positionnée dans la trachée. Il suffit ensuite d’enfoncer la sonde sans forcer jusqu’au « papillon » de ruban adhésif placé en repère.

Photo 5 : Fixation de la sonde : la sonde peut ensuite être fixée en suturant ou en agrafant le ou les papillons de sparadrap à la peau du lapin. Il ne faut pas fixer directement la sonde au lapin au risque de rendre celle-ci perméable. Il est préférable de fixer la sonde sur le chanfrein de l’animal pour éviter qu’il puisse l’arracher avec ses pattes. Le port d’une collerette est parfois nécessaire pour éviter que le lapin n’enlève sa sonde. L’excédent de sonde peut ensuite être enroulé et fixé au cathéter ou à la collerette.

Photo 6 : Vérification radiographique : il est indispensable de vérifier le bon positionnement de la sonde afin d’éviter les fausses déglutitions. Quand la sonde est correctement placée, du contenu gastrique peut normalement être aspiré et du vide se met ensuite en place. Cette vérification doit être effectuée avant toute utilisation de la sonde. Par ailleurs, il est fortement conseillé après la pose de la sonde de réaliser une radiographie du thorax (incidence latéro-latérale) permettant de contrôler la localisation de la sonde et de s’assurer qu’elle a été enfoncée à la bonne hauteur.

1) Meredith A, Lord B. BSAVA Manual of Rabbit Medicine. Gloucester. BSAVA. 2014:102-103.

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